Centre Bourse – Petites balades urbaines http://www.petites-balades-urbaines.com Venez découvrir Marseille et son histoire ! Wed, 28 Mar 2018 16:00:25 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.26 https://i2.wp.com/www.petites-balades-urbaines.com/blog/wp-content/uploads/2017/10/cropped-Petites-balades-urbaines.png?fit=32%2C32 Centre Bourse – Petites balades urbaines http://www.petites-balades-urbaines.com 32 32 137275093 En vidéo #07 : Marseille Baroque (2/2) http://www.petites-balades-urbaines.com/les-projets-qui-ont-fait-marseille/marseille-sous-lancien-regime/en-video-07-marseille-baroque-2-2/ Wed, 10 Jan 2018 17:00:08 +0000 http://www.petites-balades-urbaines.com/?p=1206 Suite et fin de la ballade initiée il y a 15 jours, où je vous faisais découvrir quelques perles de l’architecture baroque à Marseille.

On reprend là où on s’était arrêté bien sûr, à l’angle de la Canebière et du Cours Saint-Louis, et ce coup-ci on va déchiffrer quelques façades du Cours Belsunce, en allant jusqu’à l’Hôtel Pesciolini bien sûr, pour terminer comme on avait commencé par un dernier hommage à Pierre Puget, devant la halle qui porte d’ailleurs son nom.

C’est l’occasion aussi pour moi pour vous renvoyer vers deux articles que je mentionne dans la vidéo, et que j’avais écrit ici-même : l’un concernait le Cours Belsunce, et l’autre racontait l’histoire de l’Alcazar.

Voilà pour le baroque à Marseille, ou plutôt : voilà déjà une première grosse fournée. Plus tard je dédierai une vidéo entière à la Vieille Charité, ce chef-d’œuvre de Pierre Puget (oui, encore !), et sûrement une autre aussi à l’Hôtel de Ville. Et là, on pourra dire que ce chapitre sera bouclé. Soyez patients ! Et enjoy !

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50 ans de fouilles archéologiques au Centre Bourse http://www.petites-balades-urbaines.com/les-projets-qui-ont-fait-marseille/les-grands-projets-du-xxeme-siecle/50-ans-de-fouilles-archeologiques-au-centre-bourse/ http://www.petites-balades-urbaines.com/les-projets-qui-ont-fait-marseille/les-grands-projets-du-xxeme-siecle/50-ans-de-fouilles-archeologiques-au-centre-bourse/#respond Fri, 01 Dec 2017 08:58:08 +0000 http://www.petites-balades-urbaines.com/?p=1195 Je veux revenir avec vous sur une expo de photographies que j’ai eu la chance de parcourir récemment.

Cette exposition est organisée par le Musée d’Histoire de Marseille, sur les grilles le long de la rue Henri Barbusse, et jusque sur les murs de la passerelle qui surplombe le Port Antique (et qui mène au musée, évidemment, la vie est bien faite !)

C’est une expo qui retrace en image donc, toute l’histoire de ce quartier, depuis la démolition des vieilles maison à la fin du XIXème siècle (rappelez-vous le percement de la rue de la République et de la rue Colbert dont je vous avais déjà parlé il y a un moment), jusqu’à nos jours. C’est vachement bien foutu : on voit des photos de l’époque (certaines ont plus de 100 ans !) et le lieu choisi pour l’expo permet de bien se rendre compte de « comment c’était avant ».

C’est pour fêter les 50 ans des fouilles archéologiques que cette expo a été organisée. L’occasion pour se replonger dans le travail des archéologues qui a permis de découvrir ce site majeur de l’histoire de Marseille : le Port Antique.

L’exposition court jusqu’en 2018 mais je n’ai pas la date précise de fin. Alors profitez de vos courses de Noël au Centre Bourse pour aller y jeter un œil, c’est en extérieur, c’est gratuit et je vous promets que c’est pas chiant.

Et pour tout vous dire, ça m’a tellement plu que j’en ai fait mon premier VLOG !

Enjoy 🙂

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Le prestige d’antan du Cours Belsunce http://www.petites-balades-urbaines.com/les-projets-qui-ont-fait-marseille/marseille-sous-lancien-regime/le-prestige-dantan-du-cours-belsunce/ http://www.petites-balades-urbaines.com/les-projets-qui-ont-fait-marseille/marseille-sous-lancien-regime/le-prestige-dantan-du-cours-belsunce/#comments Thu, 07 Jul 2016 16:28:26 +0000 http://petites-balades-urbaines.com/?p=810 Quand on évoque le Cours Belsunce aux Marseillais, ils pensent immédiatement à un grand capharnaüm. Même l’arrivée du tramway et la requalification des espaces publics n’y a pour ainsi dire rien fait. Il faut dire que l’architecture des bâtiments qui le bordent est plutôt chaotique. Et pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi, loin de là !

Vous êtes à l'angle de la Canebière et du Cours Belsunce ? C'est parfait, c'est ici que vous apprécierez le mieux l'histoire du Cours de Marseille.

Le Cours de Marseille, c’est l’ancien nom de cette promenade qui se déroule perpendiculairement à la Canebière. Au Moyen-âge, à peu près à cet endroit, se dressait la Porte Réale. Il s’agissait d’une porte dans les anciens remparts. Marseille se contraint alors dans une enceinte encerclant 70 ha seulement. À cette époque, le Cours Belsunce n’existe pas : s’étale ici depuis le XIVème siècle un glacis militaire. Il buttait, à l’Ouest, sur l’enceinte de la ville ; du côté des faubourgs s’étaient installées auberges et fontaines.

Quand Louis XIV arrive à Marseille, après avoir maté l’insurrection, il décide d’entreprendre de grands travaux. Il s’agit de la première très grande opération urbaine que subira Marseille, comparable aux percées haussmanniennes qui interviendront deux cent ans plus tard. Les anciens remparts sont abattus, et le Roi ordonne l’urbanisation de la ville vers l’Est et le Sud. L’opération urbaine sera gérée par le bureau d’agrandissement, crée en août 1669.

Le projet urbain est dessiné par les architectes Mathieu Portal et Gaspard Puget, frère de l’architecte Pierre Puget. Ils décident des futurs alignements et proposent de relier les rues de part et d’autre de l’ancienne enceinte démolie.

Le Cours est d’emblée prévu dans le tracé de cette ville nouvelle. Il s’inscrit dans une longue perspective associant la rue d’Aix, au Nord, avec la rue de Rome, au Sud. Cette dernière ne comprend qu’une première partie, d’ici jusqu’à la Porte de Rome, approximativement à l’emplacement de la place de Rome actuelle. Par ses dimensions, 40m de large sur 400m de long, le Cours est un espace sans équivalent. L’objectif est de donner aux Marseillais un espace de prestige où ils pourront se promener et parler affaires. Aussi, l’architecture du Cours reprend les codes de classiques de l’époque. Fontaines et alignements d’arbres marquent la longue perspective.

Il est intéressant de noter que l’axe de développement de Marseille, dès cette époque et jusqu’à un passé récent, était un axe Nord-Sud, comme si la ville tournait le dos à son port. Le port n’est vu que comme un emplacement logistique, avec ses nombreux bateaux qui chargent et déchargent leurs marchandises sur les quais. Ceci restera vrai jusqu’au début du XXème siècle. Aujourd’hui, le projet urbain d’Euroméditerranée a au contraire l’ambition de reconquérir les ports, tant économiquement que spatialement. Progressivement le Cours perdra sa vocation de promenade, au profit de la Canebière et du Vieux-Port, comme en témoignent les travaux de requalification de ces dernières années.

Vue du Cours lors de la Peste de Marseille en 1720
Vue du Cours lors de la Peste de Marseille en 1720

Les travaux du Cours s’étalent essentiellement entre 1670 et 1685. Un modèle-type de maison est établi par le Conseil de la Ville, qui entend par là uniformiser les façades pour créer un fond de scène homogène. Les promeneurs doivent avoir l’illusion d’un très grand palais ordonné, alors qu’il s’agit en réalité de plusieurs maisons autonomes. Un gabarit est donc dressé : les constructions doivent être accolées, deux ou trois fenêtres par étage, et les hauteurs des bâtis doivent être identiques. Les fenêtres sont normées et alignées les unes aux autres. Pour allonger encore la perspective, on établit un modèle de corniches horizontales qui soulignent les rez-de-chaussée et les attiques.

Derrière le Cours, tout le quartier de Belsunce est construit sur un modèle baroque. La bourgeoisie occupe de petits immeubles donnant sur des jardins de cœurs d’îlots, avec souvent de petites maisons de fond de cour, anciennes dépendances destinées aux domestiques, ou à l’entreposage de matériel ou de carriole.

Avancez jusqu'à l'angle du Cours Belsunce et de la rue du Poids de la farine. Vous y verrez un magnifique pilastre à fût cannelé sur un puissant soubassement à bossage : c'est un maigre indice qui rappelle le faste de l'époque où le Cours a été aménagé, sous l'Ancien Régime.
Un immeuble du XVIème siècle sur le Cours Belsunce
Un immeuble du XVIème siècle sur le Cours Belsunce
Photo : Jonathan Tourtois

Il est très difficile d’imaginer aujourd’hui la grande qualité de l’ordonnancement général. Malheureusement, il ne reste que quelques bâtiments de cette époque. L’immeuble qui fait l’angle Sud entre le Cours et la rue du Poids de la farine est d’origine. Sa récente restauration a permis d’en retrouver l’architecture originelle. Remarquez comme l’immeuble voisin lui ressemble étrangement : voilà un exemple de maisons identiques offrant une façade uniforme. Malheureusement aujourd’hui les corniches ne sont plus continues et les teintes des façades sont différentes.

On retrouve le même phénomène sur la façade suivante, de l’autre côté de la ruelle. La boutique qui fait l’angle présente deux arches en anse de panier et une entrée d’immeuble rectiligne. C’est typiquement cette écriture qu’avaient imaginé les architectes pour la composition du Cours. Malheureusement cette écriture n’a pas su subsister jusqu’à nos jours.

Ce pilastre, aujourd’hui un peu seul, s’inscrivait dans un ensemble de décors typiques du style classique. Généralement, le rez-de-chaussée et l’entresol offraient des façades à bossage. Au-dessus de la corniche horizontale, de puissants pilastres s’élancent vers les débords de toiture. Les façades sont sculptées, et certaines offraient même des balcons : ils étaient supportés par de petits atlantes figurés sur les consoles. On observe encore par endroit certains médaillons ou des gargouilles prenant la forme de lions.

Continuez jusqu'à l'angle de la rue Tapis Vert.

L’immeuble qui borde l’angle Sud a beaucoup été altéré avec le temps, mais il présente encore sur sa façade des médaillons sculptés et un arc en plein cintre. On devine ces éléments sur d’autres immeubles du Cours mais c’est ici qu’ils sont les mieux conservés. Malheureusement, cet immeuble n’a pas conservé les probables décorations qui ornaient les pilastres, à peine visibles aujourd’hui.

Pour mieux imaginer l’ambiance qui régnait ici, il faut savoir que les rez-de-chaussée étaient occupés par des boutiques, avec les espaces de stockage en entre-sol. Le premier étage, séparé par une première corniche, était l’étage noble, plus haut de plafond, et parfois même offrant un balcon sur la promenade. Les autres étages étaient dédiés à l’habitation, et l’immeuble se terminait généralement sur un dernier étage en retrait de la façade.

Le Cours était divisé en deux usages. Le Petit Cours, depuis la rue Tapis-Vert et jusqu’à la rue Nationale, qui termine la perspective, était plutôt réservé aux classes populaires. Le Grand Cours, qui s’étendait, lui, jusqu’à la rue Pavillon, était destiné aux gens de la bourgeoisie. Des bornes séparaient même les deux espaces.

Allez enfin tout au fond du Cours, devant la rue Nationale. Vous vous dressez devant l'Hôtel Pesciolini.
L'immeuble à l'angle du Cours Belsunce et de la rue du Petit Saint Jean
L’immeuble à l’angle du Cours Belsunce et de la rue du Petit Saint Jean
Photo : Jonathan Tourtois

Vous êtes passés devant l’Alcazar, un illustre cabaret, aujourd’hui démoli, mais dont on a conservé toutefois l’entrée historique.

Vous voilà devant la terminaison du Cours. Devant vous s’élance la rue d’Aix, qui emmène jusqu’à la Porte d’Aix. L’immeuble qui en fait l’angle à gauche a été construit lorsque la rue Colbert a été dessinée, au XIXème siècle. En revanche, celui qui fait l’angle à droite date toujours de l’Ancien Régime, et prend le nom d’Hôtel Pesciolini. Sa porte a été inscrite aux Monuments Historiques le 8 mars 1929.

À l’heure où j’écris ces lignes, en juillet 2016, la façade de cet immeuble mériterait une sérieuse restauration. Mais il permet néanmoins de deviner la fin de la composition urbaine, telle qu’elle l’était à l’époque. Ce vieil immeuble avait son symétrique exact de l’autre côté de la rue d’Aix. Ensemble, ils assuraient un fond de scène spectaculaire au Cours. Pour l’anecdote, cet immeuble a été construit en 1673 pour un négociant marseillais d’origine Toscane, Amant de Venerosi-Pesciolini. Cet homme dirigeait lui-même le bureau d’Agrandissement, en charge de l’exécution de la ville nouvelle telle que l’avait ordonné Louis XIV.

La façade de l’Hôtel Pesciolini montre à elle seule de la richesse des décors dressés à l’époque. Elle propose aux promeneurs deux atlantes monumentaux porteurs d’un balcon en ferronnerie. Un œil de bœuf, encadré par deux sphinx, éclaire l’entresol. Chaque atlante est posé sur une colonne formant l’encadrement de la porte d’entrée. Les archives indiquent que le propriétaire a demandé expressément aux maçons de réaliser, à la place des colonnes prévues initialement, deux colosses qui soutiendront le balcon.

Les platanes qui ornent aujourd’hui le Cours redonnent un peu de verdure à la promenade. Les architectes avaient eux aussi prévus une végétation abondante pour agrémenter le Cours. Dès 1670, des micocouliers sont plantés. Des bancs en pierre sont installés en 1686, dans l’alignement des arbres, et participent eux aussi à l’étirement de la perspective. Fin XVIIème siècle, les micocouliers sont remplacés par des mûriers qui, à leur tour, seront remplacés en 1756-1758 par des ormeaux.

L'Hôtel Pesciolini, un des deux immeubles qui terminaient le Cours Belsunce
L’Hôtel Pesciolini
Photo : Jonathan Tourtois

Aujourd’hui, la circulation automobile est interdite sur le Cours Belsunce, à l’exception de la sortie du parking du Centre-Bourse. Quand les frères Puget imaginent leur projet au XVIIème siècle, l’esplanade qu’ils dessinent est destinée à la promenade : les charrettes doivent circuler autour, le long des façades. Cette disposition sera inversée en 1839 par Augustin Fabre, conseiller municipal, afin de fluidifier la circulation toujours grandissante sur l’axe principal de Marseille. Pire encore, le Cours perdra complètement sa fonction de promenade quand la chaussée sera à élargie de façade à façade, en 1890.

Les diverses reconstructions qui s’opèrent au XIXème siècle, et surtout les opérations urbaines du XXème siècle auront raison des perspectives monumentales de Puget. Si le Cours a retrouvé sa fonction de promenade, c’est pour beaucoup grâce aux travaux de requalification de la voirie, qui se sont déroulés en accompagnement de l’arrivée du tramway en 2008. Des grandes opérations de renouvellement urbain permettent aussi d’inciter les propriétaires à restaurer les façades, rendant en partie le prestige du Grand Cours.

 

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L’histoire du quartier de la Bourse http://www.petites-balades-urbaines.com/les-projets-qui-ont-fait-marseille/les-grands-projets-du-xxeme-siecle/lhistoire-du-quartier-de-la-bourse/ http://www.petites-balades-urbaines.com/les-projets-qui-ont-fait-marseille/les-grands-projets-du-xxeme-siecle/lhistoire-du-quartier-de-la-bourse/#comments Fri, 31 Jan 2014 09:03:16 +0000 http://glumph.free.fr/?p=616 Avec les grandes percées haussmanniennes, le quartier de la Bourse s’isole. L’insalubrité qui caractérisait les vieux quartiers devient la cible des différents projets urbains proposés par les municipalités successives. On décide de raser le quartier à l’aube de la Première guerre mondiale, pensant que le terrain allait vite trouver une nouvelle destination. Mais de décennie en décennie, les projets s’embourberont jusqu’à l’arrivée de Gaston Defferre à la tête de la Ville, pour y construire finalement un centre commercial… beaucoup décrié aujourd’hui encore.

Raser les quartiers vétustes

Le développement des échanges commerciaux fait apparaître un problème majeur dans la morphologie-même de Marseille : la configuration de son centre, avec ses ruelles sinueuses et son parcellaire étroit, limite forcement le transit des marchandises. Le XIXème siècle tente de répondre à cette problématique par les percées haussmanniennes, avec la rue de la République et la rue Colbert principalement. La création de cette dernière, la mise en valeur de la Canebière et la présence du Cours Belsunce délimite un nouveau quartier, auquel le Palais de la Bourse donnera le nom.

Isolé par la présence d’artères majeures sur trois côtés, et encore caractérisé par l’insalubrité de la vieille ville, ce territoire de 6 ha devient le centre d’attention des municipalités du début du XXème siècle. Le quartier de la Bourse est à l’image du reste de la vieille ville : il est considéré comme vieilli, malsain et insalubre ; il est aussi inadapté aux mutations que l’évolution galopante du port de commerce fait subir à la ville.

Consciente du potentiel du quartier de la Bourse, la Municipalité du Docteur Flaissières étudie en 1893 un projet urbain visant à démolir et remodeler le parcellaire du quartier. Ce premier projet avorte, mais est néanmoins relancé en 1906 : la nouvelle municipalité organise un concours d’architectes et en 1910, le décret d’utilité publique est promulgué. Les expropriations sont prononcées et le quartier existant est démoli par tranches successives jusqu’en 1929. Le périmètre concerné est occupé par quelques 500 maisons : en tout, l’opération fait déplacer plus de 7000 personnes.

Tandis que les démolisseurs sont en ordre de bataille, le plan de reconstruction s’étouffe dans d’innombrables tergiversations tant et si bien qu’en 1930, aucun projet viable ne fait encore consensus. La crise économique mondiale apparaît et les Marseillais se souviennent encore de la crise immobilière qu’a provoqué une trop forte création de logements avec le percement de la rue de la République.

C’est que le quartier est central : il est à proximité à la fois de la nouvelle gare Saint-Charles, de la Canebière resplendissante, du Vieux-Port et de l’axe historique Nord-Sud constitué de la rue de Rome, du Cours Saint-Louis, du Cours Belsunce et de la rue d’Aix. Pourtant, l’écart se creuse entre les populations du Nord, ouvrières voire pauvres, installées à proximité des installations portuaires, et celles du Sud, riches armateurs et négociants fortunés. L’échec de la commercialisation de la rue de la République et des quartiers Mirès d’une part, et le no-man’s-land du quartier de la Bourse d’autre part, cristallisent cette frontière sociale.

Le projet de Castel et Grebert

En 1931, l’architecte marseillais Gaston Castel et Jacques Grebert, professeur à l’Institut d’urbanisme de Paris, travaillent ensemble à un vaste projet d’aménagement et d’extension de Marseille. Inévitablement, leur projet évoque le destin du quartier de la Bourse. Leur principale proposition est de constituer un réseau de boulevards extérieurs qui relieraient les quartiers Sud aux quartier Nord et au Port, désengorgeant ainsi la vieille ville. Concernant le quartier de la Bourse, Jacques Grebert explique :

Si on ne considérait que l’état actuel des terrains et dans l’absence d’un plan général d’aménagement, il serait logique de dire que ce lotissement est à l’écart du mouvement et représente une possibilité d’utilisation pour l’habitation centrale, d’une valeur foncière intéressante, mais limitée aux possibilités du rendement résidentiel. Si, au contraire, la construction des voies essentielles dont nous venons de parler, se trouve décidée…, l’utilisation des lots à vendre est traitée de façon différente. L’habitation n’y tient plus qu’un rôle accessoire, pour ne pas dire nul, et l’occupation commerciale s’affirme, inévitablement complémentaire mais non concurrente de l’activité commerciale des rues Canebière, Saint-Ferréol et Paradis1.

Le projet de Gason Castel pour le quartier de la Bourse
Le projet de Gason Castel pour le quartier de la Bourse

Si l’idée d’une zone commerciale profitant d’être au carrefour des flux commence à faire son chemin, la municipalité suivante, menée par Henri Tasso, privilégie plutôt l’option du grand jardin central, déjà évoquée sous le mandat de Flaissière en 1923. L’idée défendue est celle d’un poumon qui serait le bienvenu dans une ville trop dense. Bien que cette option soit critiquée par certains, la commission départementale approuve le projet ; mais il faut encore obtenir le feu vert d’autres organismes : l’approbation par la commission supérieure, en voie de renouvellement, est finalement obtenue en 1938. La même année, la ville de Marseille est mise sous tutelle suite au dramatique incendie des Nouvelles Galeries sur la Canebière, ce qui ampute la Municipalité de son pouvoir décisionnaire. D’autres avis sont encore attendus : Beaux-arts, monuments historiques… Le projet de jardin est encore loin être approuvé quand éclate la Seconde guerre mondiale.

Avec l’installation du gouvernement de Vichy, le corps décisionnaire de la ville change. Gaston Castel, qui occupe le poste d’architecte en chef des Bouches-du-Rhône, est poussé vers la sortie par le nouveau gouvernement. À nouveau, l’idée de densifier les terrains de la Bourse réapparaît. Les populations pauvres ont entre temps réinvesti les zones laissées à l’abandon, si proches de toutes les commodités à la fois de la ville et du port. Le visage de Marseille a également été fortement transformé par l’arrivée des autoroutes Nord et Est, dont les terminaisons nerveuses sont toutes proches. Une intervention urbaine lourde sur le quartier de la Bourse se ressent comme de plus en plus pressente. Toutes les problématiques emblématiques de Marseille, souvent d’actualité aujourd’hui encore, se retrouvent dans ce périmètre : la question de la liaison de la ville à son port, l’arrivée brutale des autoroutes, la vétusté des quartiers, les campements… L’urgence de résoudre l’épineuse question fait l’unanimité. Eugène Beaudouin, architecte grand prix de Rome en 1928, est chargé du projet.

Le Palais de la Bourse en 1939
Le Palais de la Bourse en 1939

La nouvelle proposition marque pour le quartier de la Bourse un tournant dans l’approche globale du centre-ville. L’architecte imagine prolonger l’autoroute nord, qui s’arrête pour le moment à la Porte d’Aix, jusqu’au quai des Belges, transperçant ainsi le fameux quartier insalubre. De l’autre côté de la Canebière, l’autoroute Est, elle aussi, est prolongée jusqu’au Vieux-Port, faisant du quai des Belges la jonction des deux axes routiers majeurs de Marseille. Une vaste place monumentale est proposée ici. L’approche de Beaudouin ne fait guère de doutes : on propose l’éradication de l’insalubrité par la création des axes de circulation qui manquent en ville. C’est peut-être cette vision qui poussera l’armée allemande en janvier 1943 à expulser 20.000 personnes et à démolir toute la partie basse du quartier du Panier.

  1. Jacques Greber, Mémoire descriptif, Bibliothèque de l’Institut d’urbanisme de Paris, 1933.
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