L’arrivée de Gaston Defferre à la tête de la ville
En août 1944, Gaston Defferre est élu maire de la ville. L’homme va piloter l’ensemble des chantiers de reconstruction de la cité phocéenne, fortement meurtrie par l’occupation allemande et les bombardements des Alliés. Visionnaire, Defferre mettra tout en œuvre pour que Marseille devienne une métropole méditerranéenne.
Aussi, dès 1947 et sous l’impulsion du Ministère de la Reconstruction, l’urbaniste Georges Meyer-Heine est nommé conseil de la ville pour l’élaboration d’un nouveau plan d’aménagement. En plus du quartier de la Bourse, il faut reconstruire les installations portuaires, le front de mer sur la rive Nord du Vieux-Port, et préparer à nouveau l’extension de Marseille pour le retour des émigrés qui avaient fui le régime nazi. Le nouveau plan directeur est établi en 1949 mais, là encore, à force de tergiversations, il ne sera approuvé qu’en 1959.
Sans attendre les approbations du plan global, Gaston Defferre décide de faire bâtir le quartier de la Bourse. L’agence d’architectes Boileau et Labourdette, accompagnée de l’ingénieur Jean-Louis Sarf, s’empare du projet urbain de Meyer-Heine et dessine un ensemble de trois tours de logements de 18 étages reliées par une barre. Un parking souterrain est prévu, ainsi qu’une galerie commerciale ; sur la dalle du parking doit prendre place un vaste jardin urbain… Le chantier démarre aussitôt et les 500 logements ou bureaux du projet sont livrés et occupés en 1962. Ces immeubles marquent la volonté du maire de faire entrer Marseille dans le modernisme.
Mais le projet ne s’arrêtait pas là : il prévoyait également d’autres barres, de plus faible hauteur. Préalablement au chantier, des fouilles archéologiques sont entreprises sur cette seconde tranche du projet ; la découverte de vestiges datant de la fondation de Marseille par les Phocéens mettra un coup d’arrêt au projet. Aujourd’hui, seules les trois tours dites « Labourdettes1« , sur le Cours Belsunce, ont été réalisées conformément aux plans d’origine. Une barre en R+9, parallèle à la Canebière, a également été construite.
Contrarié dans ses plans par ces découvertes archéologiques, Gaston Defferre tente malgré tout de maintenir l’ambition de son projet. Il faudra l’intervention directe d’André Malraux, ministre de la Culture de l’époque, pour classer en urgence le site « Monument Historique » et adapter le projet en conséquence. La préservation imposée de ce site conduit Jacques-Henri Labourdette à revoir sa copie et propose la forme du centre commercial qu’on connaît aujourd’hui, en U, autour du Port Antique. Dans son enceinte, on prévoit in extremis l’installation d’un musée dédié aux découvertes archéologiques, devenu aujourd’hui le Musée d’Histoire de Marseille. Les nouvelles études pour à la fois préserver le site archéologique et adapter le projet à ce nouveau programme mixte prendront plus de dix ans. C’est ainsi qu’est inauguré en 1977 le premier centre commercial de Marseille.
Le reste du site est occupé par d’autres immeubles de plus faible hauteur. La Ville a installé une partie de ses bureaux dans l’immeuble Communica, situé au Nord du quartier. Du côté de la rue Henri Barbusse, c’est tout un ensemble de bureaux qui a vu le jour, ainsi qu’un hôtel. Enfin, au Sud du Centre Bourse prend place le nœud de terminaison de la plupart des lignes de bus de la RTM, sur la rue des Fabres.
L’avenir du quartier
Trente ans plus tard, le projet urbain Euroméditerrannée a offert au Cours Belsunce et à la Canebière un nouveau tramway, tandis que la partie Est du Vieux-Port a été rendue aux piétons à l’occasion de Marseille Capitale européenne de la Culture. Une fois encore, le quartier de la Bourse se retrouve pris dans l’étau de la réhabilitation urbaine.
D’autre part, la municipalité actuelle cherche à renforcer l’attractivité touristique de la ville en proposant entre autres de nouveaux espaces commerciaux. Décembre 2013 a vu la réouverture du Musée d’Histoire de Marseille, longtemps plongé dans des travaux de réhabilitation et d’embellissement. Le reste du Centre Bourse, lui, souffre de plus en plus d’une image vieillotte, retranché dans ses grands éléments aveugles en béton, à tel point que les Marseillais le surnommeront « le Bunker ».
C’est dans ce contexte qu’est décidé, enfin, tout un programme de travaux de rénovation et d’agrandissement. 5.500 m² supplémentaires viennent se greffer en périphérie du bâtiment existant, côté Vieux-Port. C’est l’agence des architectes Moatti et Rivière qui a été retenue pour le projet. Les façades en éléments de béton préfabriqué ont disparu pour faire place à une nouvelle structure, qui sera recouverte d’une façade ondulée vitrée. Trois voilettes métalliques, fixées entre les bandeaux vitrés, constitueront le nouveau visage du centre commercial. Ce ruban vitré doit apporter de la fluidité dans un quartier très encombré.
D’autres requalifications de l’espace urbain peuvent être envisagées. On parle notamment de la piétonnisation de la rue Bir-Hakeim, et du report de tous les bus sur la rue des Fabres, avec la restructuration de nombreuses lignes à l’occasion du prolongement du réseau de tramway vers la place Castellane. Ces travaux pourraient également conduire à retrouver un espace de qualité au pied des tours Labourdette et, pourquoi pas, envisager leur réhabilitation2… redonnant ainsi à ce quartier la valeur patrimoniale qui lui était destinée il y a déjà plus de 100 ans.
- Elles sont classées aujourd’hui patrimoine du XXème siècle. Les habitants de ces tours se sont constitués en association et ont mis en ligne un site particulièrement riche sur l’historique du projet et de son environnement immédiat. ↩
- Les avis sont encore très partagés quant à la pertinence de la présence des tours dans l’hyper centre de Marseille. ↩
Bonjour,
Je cherche des informations sur la prolongation de la rue saint Férréol en 1931, soit la démolition d’une partie de l’hôtel du petit Louvre sur la Canebière.
La photo aérienne que vous datez de 1939, vue sur la Bourse, pose un problème, n’est-elle pas d’avant 1932 puisque on n’y voit pas ce percement?
Très cordialement,
M-E Gonnet