L’âge d’or de Marseille correspond au développement commercial du port, impulsé par la Révolution industrielle au XIXème. Mais le Vieux-Port est alors saturé : on décide de la création du bassin de la Joliette, puis de celui d’Arenc. L’urbanisation de Marseille va devoir s’adapter au déplacement de son centre de gravité et aux changements démographiques. Réalisation majeure restée emblématique de cette époque : la rue de la République.
Marseille saturée et insalubre
À l’aube du XIXème siècle, Marseille s’étouffe dans son enceinte datant de l’Ancien Régime1. Le Vieux-Port se libère de son Arsenal, déplacé à Toulon par ordre de Louis XV en 1748. Progressivement, l’urbanisation se développe sur la rive sud du Vieux-Port et vers l’Est, le long de la rue Canebière.
Néanmoins, les vieux quartiers de Marseille, faits de rues étroites et exiguës, sont particulièrement insalubres. La ville est restée traumatisée par l’épisode funeste de la peste de 1720 au cours de laquelle près de la moitié de la population fut décimée. C’est pourtant là que se concentre la majorité des Marseillais, dans des immeubles modestes rappelant le souvenir du Moyen-âge, autour de hauts lieux de la vie de la cité : l’hôpital, la Mairie, le fort Saint-Jean ou encore la vieille église Sainte-Marie de la Major.
Avec le développement économique des échanges commerciaux avec l’Orient et les nouvelles colonies, on constate également à quel point les rues proches du port sont inadaptées au transport des marchandises. Le relief de la zone nord de Marseille est caractérisé par trois collines : Saint-Laurent, les Moulins et les Carmes. À l’heure où se développent pourtant les recherches autour des machines à vapeur, l’étroitesse des rues limite fortement la taille des véhicules qui doivent transiter entre le Vieux-Port et le nouveau bassin de la Joliette. Une solution doit donc être trouvée pour répondre aux nouvelles exigences de l’urbanisation de la Révolution industrielle.
Les différents scenarii envisagés
Très vite, l’idée de rejoindre le Vieux-Port à la Joliette fait l’unanimité. Un premier projet, appelé aujourd’hui projet Vaucher, propose en 1855 de réaliser un tunnel qui passerait sous la colline des Carmes. Trop cher, un deuxième projet est établi par Jules Mirès en 1858 : cet investisseur propose, ni plus ni moins, de raser complètement cette barrière physique. L’objectif de l’investisseur était alors d’unifier l’ancien port et les nouveaux quartiers de la Joliette qu’il venait d’acquérir.
C’est finalement un projet d’entre-deux qui fera consensus. Le maire de Marseille Louis Lagarde charge Auguste Gassend, ingénieur des Ponts et Chaussées, de préciser le projet : le tracé du plan, le parcellaire, les îlots à démolir, etc. Après une première visite en 1860 pour inaugurer le nouveau Palais de la Bourse, Napoléon III revient à Marseille la même année pour approuver le projet de Gassend qui lui est soumis. L’année d’après, un décret classe la future rue parmi les routes impériales, signifiant l’engagement financier de l’État. Les plans définitifs seront établis en 1862 ; la ville signe alors un contrat avec Émile Pereire, lequel s’engage à construire la nouvelle voie ainsi que les immeubles qui la borderont. Le chantier démarre aussitôt.
- Une partie de ces remparts est encore visible, rue des Lices par exemple. ↩
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